Dépistage du cancer du col de l’utérus dans les Ardennes : à qui s’adresse l’invitation ?

4 octobre 2025

Le dépistage du cancer du col de l’utérus reste un pilier de la prévention des cancers féminins. En France, plus de 3000 nouveaux cas et 1000 décès sont recensés chaque année, majoritairement évitables grâce au dépistage régulier (Source : Institut National du Cancer, INCa). Depuis 2018, un programme national organisé vise à offrir ce dépistage à toutes les femmes concernées, sur l’ensemble du territoire, y compris dans les Ardennes.

Au centre de ce dispositif : une invitation envoyée directement à domicile. Qui la reçoit, selon quels critères, et à quelle fréquence ? Cette organisation vise à rendre le dépistage accessible, à rappeler celles qui pourraient l’oublier, à lever les inégalités face au cancer, surtout en zones rurales, comme dans les Ardennes.

Le programme organisé de dépistage du cancer du col de l’utérus cible toutes les femmes âgées de 25 à 65 ans résidant en France, qu’elles soient françaises ou étrangères, affiliées à la Sécurité sociale ou d’un autre régime. Ce dispositif complète le dépistage individuel réalisé spontanément lors de consultations gynécologiques.

  • Dépistage recommandé entre 25 et 65 ans : avec des modalités distinctes selon l’âge.
  • Une invitation systématique : si aucun test (frottis ou test HPV) enregistré dans le système durant la période recommandée.
  • Une relance : ceux qui n’ont pas répondu reçoivent une piqûre de rappel deux ans plus tard.

Ainsi, si vous résidez dans les Ardennes et correspondez aux critères d’âge, vous pouvez être invitée à participer à cette campagne de prévention.

L’invitation au dépistage n’est pas un courrier lancé au hasard : elle vise un public précisément défini selon plusieurs critères, prenant en compte le parcours de santé, et s’appuie sur les données enregistrées par l’Assurance Maladie.

Critères principaux

  • Femme âgée de 25 à 65 ans, résidant dans le département des Ardennes (08).
  • Aucune trace d’un test de dépistage valable (frottis cervico-utérin, ou test HPV) sur les 3 dernières années pour les 25-29 ans, ou sur les 5 dernières années pour les femmes de 30 à 65 ans.
  • Affiliée à un régime d’Assurance Maladie (CPAM, MSA, etc.), permettant d’être identifiée dans le système du programme.

L’exclusion concerne essentiellement :

  • Les femmes ayant subi une hystérectomie totale (utérus et col retirés), si cela est clairement mentionné dans le dossier de l’Assurance Maladie.
  • Celles engagées dans des parcours de surveillance spécifique (après traitement de lésions ou cancers du col).

Étapes actualisées selon l’âge

  • De 25 à 29 ans : Test cytologique (frottis) recommandé tous les 3 ans, après deux premiers tests à un an d’intervalle s’avérant normaux.
  • De 30 à 65 ans : Test HPV (détection de la présence du papillomavirus humain), réalisé tous les 5 ans si le précédent était normal.

Chaque fois qu’une femme n’a pas réalisé ce test aux échéances prévues, l’Assurance Maladie détecte ce « retard » et déclenche l’envoi d’une invitation postale.

Le Centre Régional de Coordination des Dépistages des Cancers (CRCDC) Grand Est gère la campagne pour tout le territoire, dont les Ardennes. Voici le déroulement, étape par étape :

  1. L’identification : les bases de données de l’Assurance Maladie recensent les femmes résidant dans le département éligibles, selon les critères indiqués ci-dessus.
  2. L’envoi du courrier : une invitation personnalisée est adressée, rappelant l’âge, la période à respecter, les modalités du test (laboratoire, médecin, sage-femme) et la gratuité du test dans le cadre du programme organisé.
  3. Relance : si aucun test n’est enregistré dans les 12 à 24 mois suivant la première invitation, un second courrier est expédié.

À noter : même si vous n’avez pas reçu l’invitation (problème d’adresse, déménagement…), il est toujours possible et recommandé de réaliser le dépistage auprès de votre professionnel de santé, sans attendre.

La géographie et la démographie des Ardennes influencent la mise en œuvre de la prévention. Les disparités d’accès aux soins restent notables, particulièrement pour les habitantes des communes rurales, éloignées des laboratoires ou des centres de santé (source : Observatoire Régional de la Santé Grand Est). Ainsi, le programme s’appuie sur quelques adaptations locales :

  • Des consultations de dépistage itinérantes, organisées ponctuellement dans certains villages (avec des sages-femmes ou médecins généralistes associés au CRCDC).
  • Des campagnes de sensibilisation spécifiques, ciblées dans les zones où les taux de participation au dépistage sont chroniquement faibles.
  • Une possibilité d’autoprélèvement vaginal (frottis d’auto-test pour le HPV), en expérimentation ou déjà en place dans certains secteurs, pour lever les freins dans les milieux rurales ou pour les femmes éloignées du système de soins classique (source : Santé publique France, 2023).

Selon les derniers chiffres du CRCDC Grand Est (bilan 2023), dans les Ardennes, près de 16 % des femmes de 25 à 65 ans n’ont pas réalisé de dépistage depuis au moins cinq ans. Le taux de participation global s’élève à environ 55 % pour le dépistage organisé, légèrement inférieur à la moyenne nationale. Cela justifie le maintien et l’intensification de l’invitation personnalisée comme outil-clé de prévention.

L’invitation reçue à domicile est conçue comme un document pratique, rassurant et explicatif :

  • Nom et prénom de la personne éligible, parfois mention du numéro de Sécurité sociale.
  • Pourquoi ce courrier ? Un rappel du retard et de l’intérêt du dépistage.
  • Informations pratiques : où réaliser le prélèvement (médecin traitant, sage-femme, gynécologue, laboratoire), la gratuité de l’analyse dans le cadre du programme, que le test soit fait sur invitation ou spontanément.
  • Contacts utiles pour s’informer ou prendre rendez-vous (CRCDC, plateforme téléphonique régionale, coordonnées des professionnels locaux).
  • Dans certains cas, proposition d’auto-test à retirer en pharmacie ou envoyée à domicile.
  • Langage clair, sans stigmatisation, pour lever les craintes ou les hésitations.

Les professionnels réalisant le test transmettent automatiquement le résultat à la structure régionale, qui se charge de relancer les invitations uniquement en cas de non-participation.

Derrière ce système d’invitation se cache un enjeu majeur de santé publique : l’équité. Beaucoup de cancers du col de l’utérus touchent des femmes qui n’avaient pas ou peu accès au dépistage (INCa). Les campagnes nationales montrent que la lettre personnalisée augmente significativement le taux de participation, principalement chez les femmes isolées, celles qui ne consultent pas régulièrement, ou qui n’ont pas de gynécologue attitré.

Le courrier veut rappeler que le dépistage n’est pas réservé aux « habituées des cabinets médicaux », mais s’adresse bien à toutes, indépendamment de leur parcours médical, de leur niveau social, de leur expérience ou non de la gynécologie. C’est un véritable outil d’égalité en santé.

Pour que cette invitation bénéficie au plus grand nombre, il est nécessaire de comprendre pourquoi elle reste parfois sans réponse. Dans les Ardennes, comme ailleurs, plusieurs raisons sont identifiées :

  • Craintes ou gêne vis-à-vis de la démarche médicale, sentiment d’intrusion ou d’inutilité.
  • Accès géographique complexe à un professionnel de santé compétent.
  • Mauvaise réception ou compréhension de la lettre (problèmes linguistiques, barrière de la confidentialité, oubli).
  • Faible perception du risque personnel (« Je ne suis pas concernée »).

Pour lever ces freins, des efforts sont déployés on local :

  • Actions de sensibilisation menées par des associations, ateliers d’information, interventions en milieu rural, parfois en partenariat avec des maisons de santé ou des collectivités locales.
  • Mise à disposition de brochures en plusieurs langues et de supports adaptés pour les situations de handicap.
  • Disponibilité accrue d’autotests et de consultations sans rendez-vous lors de campagnes spécifiques dans le département.

Il arrive que l’invitation s’égare, qu’un changement d’adresse ou d’état civil échappe aux institutions : ce n’est pas un frein à la prévention.

  • Il est possible de réaliser le test même sans l’invitation (prise en charge similaire sur le plan médical et financier).
  • Tout professionnel de santé habilité dans le département (généraliste, sage-femme, gynécologue, certains laboratoires) peut le proposer d’office.
  • En cas de doute, il est possible d’appeler le CRCDC Grand Est (depistagecancer-ge.fr) pour vérifier son éligibilité et demander une nouvelle invitation.

Dans certains cas, les femmes hors critère d’âge ou avec un antécédent d’hystérectomie peuvent aussi s’informer pour s’assurer qu’elles ne sont pas concernées.

Le programme d’invitation au dépistage du cancer du col de l’utérus vise à garantir que toute femme des Ardennes, quelles que soient ses habitudes médicales, reçoive l’opportunité de se protéger contre un cancer évitable. La clé reste l’information, le dialogue avec les professionnels de santé, et un accès facilité, sans jugement ni contrainte. Chacun peut s’emparer de cette démarche, partager l’information, et contribuer à faire reculer la maladie dans notre département.

Sources :

  • Institut National du Cancer (INCa)
  • CRCDC Grand Est (depistagecancer-ge.fr)
  • Observatoire Régional de la Santé Grand Est
  • Santé publique France