Tout savoir sur la gratuité du dépistage du cancer du col de l’utérus dans les Ardennes

1 octobre 2025

En France, le cancer du col de l’utérus touche chaque année environ 3 000 femmes et cause près de 1 000 décès (source : Santé Publique France, données 2022). Il s’agit toutefois d’un cancer évitable, grâce au dépistage régulier et à la vaccination contre les papillomavirus humains (HPV). Le dépistage permet de détecter très tôt des lésions précancéreuses, et d’intervenir avant que la maladie ne se développe. Pourtant, selon l’INCa, moins de 60 % des femmes concernées bénéficient d’un dépistage régulier.

Dans les Ardennes, comme dans toute la France métropolitaine, il existe un programme organisé de dépistage du cancer du col de l’utérus, ouvert à toutes les femmes, pour réduire ces inégalités d’accès et protéger la santé de chacune. Alors, la question se pose : cette prévention est-elle gratuite ? Quelles sont exactement les démarches à suivre ?

Le dépistage cible les femmes âgées de 25 à 65 ans, avec un rythme suivant l’âge et la nature des tests :

  • De 25 à 29 ans : frottis cervico-utérin (examen cytologique) tous les 3 ans après deux examens négatifs réalisés à un an d’intervalle.
  • De 30 à 65 ans : test HPV (dépistage génétique du virus), tous les 5 ans après un premier test négatif.

Ces examens sont rapides et indolores, réalisés par un professionnel de santé (médecin généraliste, gynécologue, sage-femme). Le but : détecter la présence de cellules anormales ou du virus HPV, pour intervenir avant l’apparition d’un cancer.

Le principal atout du programme national, piloté pour les Ardennes par le Centre Régional de Coordination des Dépistages des Cancers Grand Est, est la prise en charge financière :

  • Le dépistage du cancer du col de l’utérus est dans le cadre du programme organisé de l’Assurance Maladie, sans avance de frais pour la patiente.
  • Concrètement, dès lors que vous recevez une invitation au dépistage personnalisé (généralement par courrier à partir de 25 ans, puis selon le calendrier préconisé), vous bénéficiez de la gratuité des examens effectués par un professionnel habilité.

Comment en bénéficier ?

Il ne suffit pas de se rendre chez le professionnel de son choix à n’importe quel moment. Pour profiter de cette prise en charge à 100 %, il faut se situer dans le dispositif organisé :

  1. Recevoir ou solliciter une invitation officielle : chaque femme concernée reçoit à domicile une lettre de relance de la part de la structure de gestion Grand Est. Cette lettre comporte un numéro d’identification unique.
  2. Présenter ce courrier au professionnel de santé lors de la réalisation du test.
  3. Le professionnel code alors l’acte dans le cadre du dépistage organisé.
  • Pour les femmes n’ayant pas reçu l’invitation (déménagement, oubli, changement d’adresse…), il est possible de contacter directement la cellule de coordination régionale (CRCDC Grand Est) pour obtenir un courrier d’invitation, gage de prise en charge gratuite.

Dans ce contexte, ni le frottis, ni l’examen HPV, ni l’analyse du prélèvement ne vous sont facturés (source : INCa).

Les femmes qui réalisent un frottis hors des recommandations du programme ou en dehors de la plage d’âge (par exemple : avant 25 ans, après 65 ans, ou pour un suivi particulier) sont dans une situation différente :

  • Ici, la Sécurité sociale prend en charge à hauteur de 70 % du tarif conventionnel.
  • Le restant (30 %) peut être remboursé par la complémentaire santé, sous réserve d’en disposer.
  • Des dépassements d’honoraires peuvent s’appliquer chez certains spécialistes (gynécologues, laboratoires privés), soyez attentive à demander le tarif pratiqué.

En clair, seule l’intégration au programme organisé permet de garantir la gratuité totale sans avance de frais.

  • Chez son médecin traitant, gynécologue, ou sage-femme : la quasi-totalité des professions de santé peuvent pratiquer le prélèvement dans le département, en ville comme en secteur rural.
  • Dans des centres spécialisés ou en laboratoire : la liste complète se trouve dans le courrier d’invitation. Certains laboratoires et centres médicaux peuvent réaliser le test directement sur présentation du document d’invitation.
  • Lors d’actions ponctuelles : chaque année, dans le cadre du « Mars Bleu » (pour le dépistage colorectal) ou d’événements locaux (journées santé, caravanes de dépistage, etc.), des opérations de dépistage gratuit sont proposées avec ou sans rendez-vous, dans les maisons de santé, pharmacies partenaires, et parfois au sein des entreprises.

Pour trouver l’adresse la plus proche ou obtenir un nouveau courrier d’invitation, le site officiel du CRCDC Grand Est (www.depistagecancer-ge.fr) ou votre agence de l’Assurance Maladie locale sont les ressources les plus fiables.

La plupart des habitantes des Ardennes âgées de 25 à 65 ans sont concernées, indépendamment de leur situation : que vous soyez salariée, étudiante, au chômage, bénéficiaire de la Complémentaire Santé Solidaire (ex CMU-C), migrante disposant de l’Aide Médicale d’Etat… l’accès gratuit s’applique, dès lors que vous intégrez le programme.

  • Les femmes ayant eu une ablation totale de l’utérus (hystérectomie) pour raison bénigne ne sont plus concernées et n’ont plus à être dépistées.
  • Celles avec suivi particulier (antécédents de cancer ou de lésions précancéreuses) suivent le rythme et les recommandations de leur médecin, en dehors du programme organisé : ici, la prise en charge dépend davantage de leur couverture santé.
  • Les femmes de plus de 65 ans n’ont pas d’indication à poursuivre le dépistage de façon systématique, sauf indication médicale spécifique.
  • L’invitation du CRCDC Grand Est ou l’Assurance Maladie (la lettre reçue par courrier)
  • La carte Vitale (pour le suivi administratif, même si aucun frais ne sera avancé)
  • Une pièce d’identité dans certains centres de dépistage mobile

En l’absence de courrier d’invitation, il reste possible de vérifier votre éligibilité et d’obtenir ce document rapidement par téléphone, en ligne ou auprès de votre médecin.

  • Participation au dépistage : seulement 48,8 % des femmes concernées participent au dépistage systématique dans les Ardennes, soit moins que la moyenne nationale estimée à 59 % (source : CRCDC Grand Est, données 2022).
  • Incidence : l’incidence du cancer du col dans les Ardennes reste stable mais préoccupante, avec environ 9 nouveaux cas pour 100 000 femmes/an, dans la moyenne régionale.
  • Le potentiel d’éviction de la maladie : en France, on considère que le dépistage régulier permettrait d’éviter chaque année plusieurs centaines de décès (source : INCa).

Le retard de participation dans le département tient souvent à un manque d’information ou à l’idée reçue que le dépistage serait payant, réservé, ou complexe. Ce n’est pas le cas : il est organisé précisément pour lever les freins sociaux et financiers.

  • Je n’ai pas reçu le courrier d’invitation, puis-je quand même être dépistée gratuitement ?

    Oui. Contactez le CRCDC Grand Est (0 800 400 635 numéro vert) ou demandez à votre médecin de le faire pour obtenir le document justificatif. Sans ce document, le professionnel ne pourra pas toujours vous faire bénéficier du tiers-payant intégral.

  • Je n’ai pas de complémentaire santé. Puis-je quand même être dépistée sans frais ?

    Oui, tant que l’acte se fait dans le cadre du programme organisé, la complémentaire santé n’est pas nécessaire. Toutes les cotisations de la branche maladie financent ce programme, sans barrière liée aux ressources.

  • Les résultats sont-ils confidentiels ?

    Parfaitement. Ils sont envoyés à la patiente et/ou au médecin ayant réalisé le prélèvement, et protégés par le secret médical. Le CRCDC n’a accès qu’aux informations nécessaires pour le suivi épidémiologique.

  • Que faire si le résultat est anormal ?

    En cas de dépistage anormal, un suivi médical sera mis en place : examens complémentaires, biopsie si besoin, et accompagnement vers les soins adaptés. Là encore, le coût est pris en charge selon le parcours de soins coordonné.

Le dépistage du cancer du col de l’utérus représente l’une des meilleures armes pour sauver des vies et préserver le bien-être de toutes les Ardennaises, sans condition de ressources ni avance de frais. Fausses croyances, peur de la gêne, crainte du résultat ou méfiance face à la gratuité… ce sont ces barrières invisibles qui desservent encore la prévention locale.

En s’informant, en relayant l’existence de ce programme auprès des proches, et en interrogeant sans hésiter son professionnel de santé, chaque habitante peut contribuer à changer la donne. Le dépistage est un droit, et il n’a pas de prix.

Pour davantage d’informations, rendez-vous sur les sites de l’INCa, du CRCDC Grand Est ou auprès de l’Assurance Maladie des Ardennes.