Comment organiser son dépistage du cancer du col de l’utérus quand on vit dans les Ardennes ?

21 septembre 2025

Chaque année en France, environ 3 000 femmes apprennent qu’elles sont atteintes d’un cancer du col de l’utérus, selon Santé Publique France. Pourtant, ce cancer est aujourd’hui l’un des plus faciles à éviter, car il est presque toujours précédé de lésions précancéreuses détectables tôt grâce au dépistage.

Dans les Ardennes, où l’accès aux soins peut s’avérer plus difficile en zone rurale, la prévention prend une importance particulière. Adopter le réflexe du dépistage, c’est se donner une vraie chance de repérer tôt d’éventuelles anomalies et d’enrayer la maladie avant même qu’elle ne s’installe.

Le dépistage du cancer du col de l’utérus repose principalement sur la détection du papillomavirus humain (HPV), une infection virale très courante, souvent silencieuse, mais parfois responsable de lésions. Le dépistage permet de repérer ces lésions, pour intervenir avant qu’elles ne deviennent cancéreuses.

  • L’HPV : 8 femmes sur 10 rencontrent ce virus au cours de leur vie. Le plus souvent, le corps l’élimine naturellement, mais parfois, l’infection persiste et peut évoluer.
  • Les tests de dépistage : Il existe deux méthodes principales :
    • Le frottis cervico-utérin (ou cytologie), qui recherche des anomalies cellulaires.
    • Le test HPV-HR, plus récent, qui détecte directement la présence de HPV « à haut risque ».

Le dépistage est recommandé pour toutes les femmes de 25 à 65 ans révolus, qu’elles soient vaccinées ou non contre l’HPV. Cette tranche d’âge a été fixée car le risque de développer un cancer du col augmente après le début de la vie sexuelle et que le dépistage chez les très jeunes femmes n’apporte pas de bénéfice manifeste (source : INCa).

  • Avant 25 ans : Le cancer du col de l’utérus est exceptionnel dans cette tranche d’âge. Le dépistage n’est pas recommandé en population générale.
  • À partir de 25 ans : Il est conseillé de débuter le dépistage, même en l’absence de symptôme.
  • Après 65 ans : Le dépistage peut être arrêté si les trois derniers examens réalisés dans les dix années précédentes sont négatifs.

Les recommandations françaises reposent sur une stratégie en deux temps, qui évolue en fonction de l’âge :

  1. De 25 à 29 ans :
    • Le dépistage s’effectue par un frottis cervico-utérin (cytologie).
    • Le premier test doit être fait à 25 ans.
    • Un second test doit être réalisé un an après le premier (à 26 ans).
    • Si ces deux examens sont normaux, la fréquence recommandée passe à tous les 3 ans jusqu’à 30 ans.
  2. De 30 à 65 ans :
    • La stratégie change et s’appuie désormais sur le test HPV-HR.
    • Ce test est à réaliser tous les 5 ans (s’il est négatif).
    • Si le test est positif, le médecin ou la sage-femme propose des examens complémentaires.

Cette organisation du dépistage est validée par la Haute Autorité de Santé.

Le dépistage est gratuit et proposé dans le cadre du programme national organisé. Tous les 3 ou 5 ans, selon l’âge, l’Assurance Maladie envoie un courrier personnalisé pour rappeler la nécessité d’effectuer le test (source : Assurance maladie, 2023).

Pour se faire dépister, il est possible de :

  • Prendre rendez-vous directement auprès de votre médecin généraliste, gynécologue ou sage-femme.
  • Bénéficier du dépistage lors de certaines consultations dans des centres de santé, des centres de planning familial ou à l’occasion de journées « santé femme » organisées dans les Ardennes.

Dans notre département, plusieurs initiatives existent pour garantir l’accès au dépistage, même loin des grandes villes, comme les bus santé ou les consultations avancées. N’hésitez pas à vous renseigner auprès des Maisons de Santé Pluridisciplinaires ou de votre mairie.

Même si la vaccination protège de 70 à 90 % des infections à HPV responsables du cancer du col (données Institut Pasteur 2023), le dépistage reste indispensable. En effet, la vaccination ne protège pas contre tous les types de HPV. Les femmes vaccinées doivent donc suivre les mêmes recommandations en matière de dépistage.

  • Femmes non ou peu suivies : Un retard dans le dépistage n’est jamais « perdu » : il n’est jamais trop tard pour commencer, même si vous n’avez jamais fait d’examen auparavant.
  • Femmes ayant eu une ablation de l’utérus : En général, le dépistage n’est plus nécessaire, sauf avis médical contraire (certaines pathologies justifient de poursuivre).
  • Femmes immunodéprimées (VIH, traitement immunosuppresseur, etc.) : Le dépistage doit être plus rapproché (tous les ans), selon l’avis de leur médecin.
  • Hommes transgenres ayant conservé leur col de l’utérus : Ils sont également concernés par le dépistage aux mêmes âges et fréquences.

Le risque de développer un cancer du col est très faible si le dépistage est régulier et bien suivi. Selon l’Institut National du Cancer, 90 % des cancers du col pourraient être évités si toutes les femmes bénéficiaient d’un dépistage adapté (INCa). Ce chiffre rappelle que l’important n’est pas de multiplier les examens, mais d’en faire au bon moment et selon la bonne fréquence.

En France métropolitaine, 62 % des femmes de 25 à 65 ans ont effectué un dépistage dans les trois dernières années, mais ce taux tombe à moins de 55 % dans certains territoires ruraux, dont les Ardennes (données Assurance Maladie 2023). Un retard de dépistage double quasiment le risque de diagnostic tardif.

Le dépistage concerne les femmes sans symptôme. Mais en dehors du programme, certains signes doivent toujours conduire à consulter :

  • Pertes vaginales inhabituelles
  • Saignements entre les règles ou après un rapport sexuel
  • Douleurs pelviennes inhabituelles

Ces symptômes ne sont pas forcément liés à un cancer, mais ils justifient un avis médical rapide.

Parmi les questions souvent posées, beaucoup reviennent sur les gênes potentielles, la peur de la douleur ou le manque de temps. Les professionnels sont formés pour assurer un examen respectueux, rapide (quelques minutes suffisent). Si l’accès aux soins est compliqué (désert médical, absence de moyen de transport…), pensez aux permanences en maisons de santé, aux consultations avancées (souvent accessibles sur rendez-vous, parfois sans avance de frais selon les structures), ou à contacter le Centre Régional de Coordination des Dépistages des Cancers Grand Est.

  • Dépistage gratuit : Insistez auprès de votre professionnel de santé pour le faire dans le cadre du dépistage organisé, toutes les modalités sont prévues pour supprimer le frein du coût.
  • Discrétion et confidentialité : Les résultats sont communiqués uniquement à la patiente et à son professionnel de santé.
  • Facilité d’accès : Beaucoup de cabinets médicaux et sages-femmes proposent la prise de rendez-vous en ligne ou par téléphone. Certaines consultations sont réservées aux femmes (notamment pour celles qui préfèrent être examinées par une femme).

En améliorant l'accès et la compréhension du dépistage, chaque Ardennaise peut s’approprier cette démarche essentielle de prévention. S'informer sur les âges et la régularité du dépistage, c’est aussi pouvoir en parler à sa sœur, sa mère, son amie, et contribuer à faire reculer le cancer du col de l’utérus dans notre département.