Comprendre à qui s’adresse l’invitation au dépistage du cancer colorectal dans les Ardennes

3 septembre 2025

Le cancer colorectal est le troisième cancer le plus fréquent en France, et le deuxième en termes de mortalité chez l’adulte (INCa, 2023). S’il est détecté tôt, il peut être guéri dans 9 cas sur 10. Pourtant, sa progression silencieuse fait que les premiers symptômes n’apparaissent souvent que tardivement.

Pour répondre à cet enjeu de santé publique, la France a mis en place un programme national de dépistage organisé du cancer colorectal, accessible sur l’ensemble du territoire, y compris dans les Ardennes. Ce dispositif coordonné vise à réduire la mortalité en détectant les cancers précocement ou en repérant des polypes précancéreux.

L’invitation au dépistage ne s’adresse pas à tous les habitants des Ardennes, ni même à toutes les personnes inscrites à la Sécurité sociale. Plusieurs conditions précises doivent être réunies :

  • Âge : Les personnes âgées de 50 à 74 ans inclus, soit environ 60 000 Ardennais concernés selon la structure démographique départementale (INSEE Ardennes, 2022).
  • Régime d’Assurance Maladie : Être affilié à un régime d’assurance maladie obligatoire (régime général, agricole, indépendants...).
  • Absence de suivi spécifique ou de symptômes évocateurs : Les personnes déjà suivies pour un antécédent familial de cancer colorectal, une maladie digestive chronique ou présentant des symptômes (sang dans les selles, troubles persistants du transit...) auront un suivi ciblé et ne reçoivent en général pas cette invitation standard.

L’invitation concerne donc la population jugée « risque moyen », sans antécédents personnels ou familiaux majeurs ni facteurs de risque spécifiques connus.

En France, le pilotage opérationnel de ce dépistage est assuré par des structures de gestion régionales, sous la coordination de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) et l’Institut National du Cancer (INCa).

  • Fréquence : Tous les deux ans, chaque personne éligible reçoit une lettre d’invitation nominative comportant un identifiant personnel et les instructions pour retirer son kit de dépistage.
  • Mode d’envoi : Depuis 2022, l’invitation est envoyée le plus souvent par courrier postal au domicile. Dans certaines zones (notamment rurales où les relais de soins sont moins denses), il est expérimentalement prévu de croiser avec le mail lorsque la personne a donné son consentement à la CPAM.
  • Où récupérer le kit ?
    • Chez le médecin traitant, professionnel de santé (pharmacien, infirmier volontaire) ou via le site monkit.depistage-colorectal.fr pour un envoi postal à domicile.

Au total, dans les Ardennes, on estime que près de 30 000 invitations sont expédiées chaque année de façon tournante (chiffre ARS Grand Est, 2023).

Recevoir la lettre peut surprendre, inquiéter, ou parfois même être confondu avec une simple publicité. Pourtant, son contenu est soigné pour être aussi clair que possible :

  • Un courrier explicatif, au nom de l’ARS (Agence Régionale de Santé) ou l’organisme régional en charge : il présente les enjeux du dépistage, son fonctionnement, les réponses aux questions courantes.
  • Un numéro personnel pour sécuriser votre démarche (le code d’accès pour demander le kit en ligne).
  • L’adresse des professionnels de santé référents, le cas échéant.
  • Parfois, selon l’année, un dépliant régional répertoriant les actions locales ou contacts utiles (lignes d’information, journées d’action, etc.).

Des adaptations sont prévues pour les personnes en difficulté de lecture ou d’accès à l’information : impression en gros caractères, traduction, orientation possible vers des relais en mairie ou centre social.

  • Personnes ayant un suivi gastro-entérologique déclaré (polypes connus, antécédents familiaux de 1er degré) : leur dépistage est personnalisé, souvent dès 45 voire 40 ans, hors du protocole généralisé.
  • Personnes ayant déjà réalisé le test dans l’année : l’invitation automatique ne sera pas ré-expédiée tant que l’intervalle n’est pas dépassé.
  • Personnes ayant refusé explicitement le dépistage lors d’un contact précédent : elles reçoivent une relance plus espacée ou une information différente.
  • Changements d’adresse ou informations administratives inexactes : un souci récurrent dans les Ardennes rurales, pouvant expliquer certains « trous dans la raquette » du dispositif.

Certaines situations de fragilité (handicap, précarité, exclusion numérique) sont repérées et font l’objet d’une vigilance accrue de la part des professionnels : médecins, infirmiers libéraux, travailleurs sociaux peuvent ainsi proposer ou expliquer l’accès au test même en l’absence de courrier classique.

Dans les Ardennes, la participation au dépistage reste inférieure à la moyenne nationale : 31,5 % des personnes invitées ont fait le test en 2022, contre une moyenne nationale de 34,3 % (Sources : Santé publique France, chiffres région Grand Est). Une personne sur trois seulement passe à l’acte, alors que l’objectif européen se situe à 45 %.

Des campagnes mobilisant les acteurs locaux sont menées : présence de stands en marchés, interventions en maisons de santé, animations en milieu rural. Les pharmaciens ardennais sont, depuis 2022, de plus en plus sollicités pour remettre les kits et expliquer la procédure, notamment pour les personnes isolées.

À Charleville-Mézières, une expérience pilote de rappel SMS et d’accompagnement téléphonique personnalisé a été lancée pour tester de nouveaux leviers de mobilisation, avec une augmentation de près de 7 points du taux de participation sur le secteur test.

  • J’ai 49 ans, vais-je recevoir une invitation ? Non, l’invitation débute à partir de 50 ans révolus. Toutefois, si un médecin le juge nécessaire (antécédent familial), il peut proposer un dépistage personnalisé plus précoce.
  • J’ai déménagé : recevrai-je quand même une invitation ? À condition que votre dossier soit à jour auprès de la CPAM. Pensez à signaler rapidement tout changement d’adresse postale.
  • Impossible de me déplacer, que faire ? Le kit peut être demandé en ligne ou remis lors d’une visite médicale à domicile (infirmier, médecin).
  • Test déjà fait l’an dernier, pourquoi une nouvelle invitation ? Le rythme recommandé est tous les 2 ans. Si vous l’avez fait récemment, la systématique vérifiera l’historique : vous n’êtes pas obligé de refaire le test avant la prochaine échéance.
  • J’ai reçu l’invitation mais mon médecin me déconseille le test, pourquoi ? Certains traitements, diagnostics ou contextes particuliers (problèmes digestifs connus, interventions récentes, etc.) peuvent rendre le test inadapté. Votre médecin en discutera avec vous.

Recevoir une invitation ne signifie pas qu’on est malade ni qu’on va l’être. C’est l’opportunité de prendre soin de sa santé, simplement et sans douleur, tout en protégeant aussi ses proches : plus le dépistage devient une évidence collective, plus les chances de survie augmentent pour tous.

Dans les Ardennes, chaque invitation envoyée est une main tendue : un geste de prévention qui peut faire la différence. Partager l’information, en parler autour de soi, aider un parent âgé à comprendre ou accomplir la démarche, c’est déjà agir concrètement pour la santé dans notre département.

Pour aller plus loin :