Les alliés du dépistage du cancer colorectal dans les Ardennes : qui sont-ils et comment vous accompagnent-ils ?

16 septembre 2025

Le cancer colorectal est le deuxième cancer le plus meurtrier en France, mais aussi l’un des plus évitables grâce au dépistage. Chaque année, il concerne près de 47 000 nouvelles personnes en France (Source : Santé Publique France). Pourtant, le taux de participation au dépistage dans les Ardennes, comme dans l’ensemble du pays, reste en dessous des recommandations européennes, avec environ 38 % de participation dans le département en 2022 (Source : ADECA 08). Derrière ces chiffres, il y a surtout l’action concrète et coordonnée de nombreux professionnels de santé qui rendent ce dépistage accessible et efficace.

En première ligne, le médecin traitant tient une place incontournable dans la prévention et le dépistage du cancer colorectal. Son rôle consiste à :

  • Informer le patient sur l’importance du dépistage, dès l’âge de 50 ans et jusqu’à 74 ans, selon les recommandations de l’INCa (Institut National du Cancer).
  • Remettre le kit de dépistage lors d’une consultation, ou inviter le patient à le commander en ligne s’il ne l’a pas déjà reçu à domicile par courrier.
  • Accompagner le patient dans la réalisation du test immunologique, expliquant son usage pratique et répondant sans tabou aux questions parfois gênantes.
  • Conseiller sur la suite à donner : interpréter le résultat du test et, si besoin, orienter vers une coloscopie de contrôle.

Une étude menée dans le Grand Est (Source : Réseau ONCO Grand Est, 2021) montre que la remise du kit par le médecin traitant augmente de 30 % la participation au dépistage, comparée à un simple envoi postal. C’est dire l’intérêt de cette relation de confiance, surtout quand des freins peuvent subsister (peur du résultat, gêne liée au test, incompréhension des enjeux).

Depuis mars 2022, les pharmaciens d’officine participent officiellement à la distribution des kits de dépistage du cancer colorectal (Source : Ordre National des Pharmaciens). Cette évolution, décidée pour élargir l’accessibilité au dépistage, change la donne surtout dans les territoires ruraux ou auprès de populations qui consultent peu leur médecin.

  • Remise du kit de dépistage colorectal sur présentation de la lettre d’invitation.
  • Explication sur le fonctionnement du test, les conditions de sa réalisation et l’envoi du prélèvement.
  • Réponses aux interrogations sur le dépistage et orientation vers le médecin traitant en cas de situation particulière (antécédents familiaux, symptômes…).

Selon l’Assurance Maladie, 15 % des kits sont désormais remis par des pharmaciens au niveau national, avec une croissance continue. Dans certains secteurs ardennais, il n’est pas rare que le pharmacien soit le professionnel de santé le plus accessible.

La part des infirmiers dans l’accompagnement du dépistage colorectal reste encore trop peu connue, alors qu’ils jouent un rôle crucial, notamment pour les publics fragiles :

  • Accompagnement des personnes âgées ou en situation de handicap : aide à la compréhension, à la réalisation du test et à l’envoi postal si besoin.
  • Sensibilisation lors de soins à domicile, notamment pour des patients isolés, peu à l’aise avec la lecture des documents ou éprouvant des difficultés motrices.
  • Repérage des freins : détection des peurs, des idées reçues ou de la gêne, et adaptation du discours pour rassurer sans infantiliser.

Les infirmiers sont également sollicités lors de campagnes d’information, de forums santé et d’ateliers organisés par les communes ou les associations, au même titre que les médecins généralistes.

Quand le test de dépistage revient positif, une coloscopie doit être pratiquée pour vérifier la présence ou non d’une lésion suspecte. Les gastroentérologues, souvent méconnus du grand public jusqu’à cette étape, deviennent alors les interlocuteurs clés. Leur rôle :

  • Assurer la consultation pré-coloscopie, pour expliquer l’examen, évaluer les antécédents et garantir la bonne préparation.
  • Réaliser la coloscopie dans de bonnes conditions de sécurité et de confort.
  • Poursuivre le suivi si une lésion est découverte (polype, tumeur, etc.), en lien avec le médecin traitant et l’équipe d’oncologie si nécessaire.

L’accès à un gastroentérologue dans les Ardennes nécessite parfois de parcourir plusieurs kilomètres, puisqu’on compte environ : 6 médecins gastroentérologues exerçant dans le département (Source : ARS Grand Est, 2023). Les délais varient, mais un circuit dédié existe pour accélérer la prise en charge suite à un test positif.

Dans les Ardennes, l’animation, l’encadrement et le suivi du dépistage du cancer colorectal sont coordonnés par l’ADECA 08, structure locale du CRCDC Grand Est (Centre Régional de Coordination des Dépistages des Cancers). Elle met en place plusieurs missions :

  • Envoi des invitations aux personnes éligibles tous les deux ans.
  • Relances et rappels personnalisés (courrier, téléphone, sms).
  • Formation, information et accompagnement des professionnels de santé.
  • Suivi statistique et remontées des données à Santé Publique France.
  • Appui aux actions locales de sensibilisation : conférences, stands, interventions dans les entreprises et associations.

L’ADECA 08 assure également un service d’écoute et de soutien, disponible pour répondre aux questions du grand public et accompagner les personnes dans leur parcours de dépistage.

Au-delà du secteur médical, de nombreux relais existent pour accompagner les Ardennais dans la démarche de dépistage colorectal :

  • Les associations de patients ou d’accompagnement (comme la Ligue contre le cancer, antenne 08, France Assos Santé…).
  • Les communes et collectivités locales, qui relayent les campagnes, distribuent les documents d’information lors des forums et marchés.
  • Les mutuelles et structures sociales, qui peuvent orienter leurs adhérents vers le dépistage gratuit.

La mobilisation de ces acteurs est précieuse pour toucher autant les actifs que les retraités, les zones urbaines comme les zones rurales, et pour lutter contre le sentiment de solitude parfois ressenti face à cette démarche.

Certaines situations particulières nécessitent l’avis direct d’un professionnel spécifique avant d’entrer dans le schéma “classique” du dépistage :

  • Antécédents familiaux de cancer colorectal (parent du 1 degré, polyposes familiales) : il faut consulter un gastroentérologue sans attendre le seuil d’âge du dépistage organisé.
  • Symptômes digestifs persistants (saignements, douleurs abdominales, troubles du transit) : là encore, le médecin traitant puis le spécialiste sont sollicités en dehors du dispositif de dépistage systématique.

Chaque cas doit trouver son interlocuteur, le but étant d’assurer un suivi adapté et personnalisé.

Le dépistage du cancer colorectal n’est pas l’affaire d’un seul professionnel, mais d’un véritable maillage territorial. Médecins, pharmaciens, infirmiers, gastroentérologues, coordinateurs du CRCDC et associations… chacun occupe une place essentielle pour garantir l’accessibilité, l’accompagnement et le suivi. Ce dispositif, régulièrement renforcé par de nouvelles missions et outils numériques (comme la commande en ligne du kit : monkit.depistage-colorectal.fr), vise à lever les barrières et à favoriser l’égalité d’accès à la prévention.

Avec près de 90 % de survie à cinq ans lorsque le cancer colorectal est détecté tôt (Source : INCa), choisir d’être accompagné et soutenu dans sa démarche de dépistage, c’est donner toutes les chances à sa santé. N’hésitez pas à en parler, à demander conseil : dans les Ardennes, les relais existent, proches de vous, à chaque étape.