Recevoir un résultat anormal au dépistage du cancer du sein : que faire concrètement dans les Ardennes ?

9 août 2025

Dans le cadre du dépistage du cancer du sein organisé tous les deux ans pour les femmes de 50 à 74 ans, près de 6 à 7 % des dépistages en France nécessitent une investigation supplémentaire. Selon l’INCa (Institut National du Cancer), la plupart du temps, ce résultat n’indique pas un cancer mais une anomalie à éclaircir : opacités, micro-calcifications, ou zones suspectes à analyser de plus près (INCa). Cela signifie qu’il est important d’avancer étape par étape, sans précipiter l’anxiété.

Ce résultat est reçu le plus souvent par courrier, rarement transmis oralement sans explication. Il précise la nécessité de faire des examens complémentaires, mais l’urgence à agir reste très relative : le délai recommandé est généralement de quelques semaines pour obtenir un rendez-vous, pas de quelques heures.

La première chose à faire : prendre contact avec le professionnel de santé référent. Dans les Ardennes, il peut s’agir du médecin traitant, du gynécologue ou du radiologue ayant réalisé la mammographie. Ils sont en première ligne pour vous accompagner dans la compréhension des résultats et la suite à donner.

  • Le médecin traitant : Il vous connaît, il pourra relire avec vous la lettre de résultat, expliquer les termes, et orienter vers le bon service ou spécialiste pour la suite.
  • Le radiologue : En général, il assure une partie du suivi après dépistage, surtout s’il a lui-même lu les images. Il peut organiser directement les examens complémentaires nécessaires dans son cabinet ou l’une des structures partenaires.

Pour information : dans certains bassins ruraux des Ardennes (par exemple, secteur Rethel/Vouziers), le relais avec le médecin traitant peut être retardé. Ce n’est jamais grave, mais il est conseillé de solliciter une consultation dans un délai raisonnable (sous 2 à 3 semaines).

Après un résultat anormal, les examens complémentaires sont systématiquement proposés dans le but de préciser la nature de l’anomalie détectée.

  • Une nouvelle mammographie ciblée : C’est l’examen le plus fréquent, destiné à approfondir l’analyse. Dans les Ardennes, la quasi-totalité des cabinets de radiologie proposant le dépistage sont équipés pour ces clichés spécifiques.
  • L’échographie mammaire : Elle permet une meilleure analyse des tissus, notamment chez les femmes jeunes ou ayant une densité mammaire élevée. Les échographies sont accessibles dans tous les centres hospitaliers du département, mais aussi chez certains radiologues libéraux.
  • La biopsie : Il s’agit de prélever quelques cellules à l’aide d’une aiguille fine sous anesthésie locale. Elle est réalisée lorsque l’imagerie ne suffit pas à écarter tout doute. À Charleville-Mézières, Sedan ou Rethel, les équipes disposent des plateaux techniques nécessaires. Environ 10 à 15 % des femmes convoquées pour contrôle après dépistage y accèdent (Source : DOCCR – Données d’Observation sur Cancers Champagne-Ardenne).

Il arrive souvent qu’après le complément d’imagerie, plus de la moitié des femmes soient rassurées sans avoir besoin d’autres examens (Source : INCa).

Le délai entre les nouveaux examens et la communication des résultats dépend de la nature des actes pratiqués. Pour une mammographie ou une échographie complémentaires, le compte-rendu initial peut, la plupart du temps, être communiqué le jour même ou dans la semaine qui suit.

Pour une biopsie, les résultats histologiques prennent généralement 7 à 10 jours, le temps que les cellules soient analysées en laboratoire spécialisé (en général au laboratoire d’anatomopathologie du CH de Charleville-Mézières ou du CH de Sedan).

Un point d’appui : vous avez le droit d’appeler le secrétariat du radiologue si l’attente s’allonge, voire de solliciter le laboratoire d’anatomopathologie pour savoir si le compte-rendu a déjà été transmis à votre médecin.

Oui, plusieurs dispositifs existent sur le département pour soutenir les femmes en attente d’un diagnostic précis. Voici les structures et ressources à connaître :

  • L’Espace Ressources Cancers Champagne-Ardenne : Propose gratuitement des entretiens avec des psychologues, des conseils d’infirmières ou des ateliers collectifs. L’espace est basé à Charleville-Mézières, mais il existe aussi des accueils ponctuels à Sedan et Rethel (ERC Champagne-Ardenne).
  • L’assistante sociale hospitalière : Sollicitable lors d’un passage en hôpital ou sur demande (notamment au CH de Charleville), elle aide à organiser les démarches et à apaiser les inquiétudes pratiques (transport, rendez-vous, etc.).
  • Les associations locales (ex : Vivre Comme Avant, Ligue contre le Cancer 08) : Présentes sur plusieurs communes, elles offrent écoute, informations, voire accompagnement individuel.

Ce réseau d’aide, peu connu des habitantes, limite l’isolement et permet de mieux affronter l’incertitude.

  • En Champagne-Ardenne, sur 18 000 mammographies de dépistage réalisées chaque année, environ 1 200 femmes sont rappelées pour un bilan complémentaire (CRCDC Grand Est).
  • Moins de 8 sur 1000 de celles ayant eu un dépistage ressortent finalement avec un diagnostic de cancer confirmé. Autrement dit, la grande majorité des “résultats anormaux” ne se traduisent pas par un cancer (Source : Santé Publique France, Inca, CRCDC-GE).
  • Dans le département des Ardennes, la couverture du dépistage reste en-dessous de la moyenne nationale : 48 % des femmes éligibles ont participé en 2023, contre 50 % au niveau national (Source : CRCDC Grand Est, 2024).
  • Les délais d’attente locaux pour un examen complémentaire varient de 8 à 18 jours selon la zone, parfois un peu plus en période de tension sur les cabinets (Préfecture des Ardennes).

Ces éléments montrent que le parcours de surveillance après dépistage répond à des critères de sécurité, mais prend aussi en compte la réalité de nos territoires. Ce n’est ni une sanction, ni une fatalité, mais un cheminement prudent pour écarter un risque, parfois faible, mais qu’on préfère toujours vérifier.

  • Se souvenir que le doute n’est pas un diagnostic. Le dépistage vise la prudence, il n’est pas là pour “annoncer” mais pour “éliminer” le risque dans de nombreux cas.
  • Oser poser toutes ses questions. Les professionnels ont l’habitude de répéter, de clarifier, il ne faut jamais hésiter.
  • S’accorder le temps d’absorber l’information : rien n’oblige à prendre une décision dans la minute ou à se projeter trop loin. Dans la grande majorité des cas, les délais de réaction sont conçus pour préserver ce temps psychologique nécessaire.
  • S’appuyer sur son entourage. Après une annonce de résultat anormal, il est prouvé que partager le vécu réduit la charge émotionnelle (Source : Institut Curie).

Un chiffre à garder en tête : dans 80 % des cas rappelés pour une anomalie après dépistage, l’issue est rassurante après les investigations complémentaires (CRCDC-GE).

Si, à l’issue du parcours, une anomalie nécessite une prise en charge plus poussée (lésion suspecte ou cancer confirmé), l’orientation se fait vers une Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP). C’est une étape réglementée dans tout le territoire, y compris dans les Ardennes, qui permet de proposer un projet de soins personnalisé, validé collectivement par radiologues, chirurgiens, oncologues, pathologistes et, si besoin, psychologues.

  • Les consultations d’annonce sont le plus souvent organisées au Centre Hospitalier de Charleville-Mézières ou au CH de Sedan, parfois au Centre de lutte contre le cancer A. Lacassagne à Reims en fonction de la complexité des dossiers.
  • Un infirmier référent ou une assistante de coordination de parcours est proposé pour guider à chaque étape.

La patiente garde la main sur ses choix, avec toutes les explications nécessaires sur les modalités de traitement, les bénéfices et les effets indésirables potentiels.

Organisme Ce qu’il propose Coordonnées / site web
CRCDC Grand Est Dépistage, soutien en cas de résultats anormaux, informations locales depistagecancer-ge.fr
Espace Ressources Cancers Champagne-Ardenne Ecoute, conseils psycho-sociaux erc-champagneardenne.fr
Ligue contre le Cancer Ardennes Appui, ateliers, accompagnement individuel 03 24 57 50 90
France Assos Santé Grand Est Orientation vers des patients experts, conseils pratiques grandest.france-assos-sante.org

Recevoir un résultat anormal n’est jamais anodin, mais il s’agit dans la grande majorité des cas d’un signal précautionneux, pas d’un diagnostic brutal. Ce protocole de vérification protège, rassure, et reste la meilleure arme pour détecter tôt ce qui, pris à temps, se soigne de mieux en mieux : plus de 87 % des cancers du sein diagnostiqués à un stade précoce se guérissent (Santé Publique France).

Être informé permet non seulement de mieux traverser ces étapes, mais aussi de devenir relais de la prévention auprès de son entourage. Le dialogue, la transmission d’informations fiables, et la vigilance collective restent nos meilleurs alliés dans les Ardennes, comme ailleurs.