Résultat positif au test de dépistage du cancer colorectal : comprendre, agir, avancer dans les Ardennes

14 septembre 2025

Recevoir une lettre indiquant un résultat positif au test immunologique du cancer colorectal (couramment appelé test FIT) réveille souvent l’inquiétude. Pourtant, il est essentiel de comprendre que ce résultat ne signifie pas « Vous avez un cancer ». En France, sur 100 personnes ayant un test positif, environ 5 à 8 auront effectivement un cancer colorectal détecté grâce à la suite des examens. La majorité du temps (92 à 95 %), il n’y a pas de cancer, mais d’autres causes d’apparition de sang dans les selles : polypes, hémorroïdes, diverticules ou inflammation intestinale (Institut National du Cancer).

  • Prendre rendez-vous avec son médecin traitant : C’est la première étape. Le médecin n’a ni à juger ni à banaliser, mais à expliquer la démarche suivante et à répondre à vos questions.
  • Examens complémentaires nécessaires : Le médecin proposera très généralement une coloscopie. C’est l’examen de référence pour identifier la source du saignement détecté par le test de dépistage.
  • Organisation de la coloscopie : Le médecin vous orientera vers un gastro-entérologue (spécialiste de l’appareil digestif), souvent au sein de l’hôpital le plus proche de votre domicile, ou dans une clinique. Dans les Ardennes, cela peut être le CHR de Charleville-Mézières, le Centre Hospitalier de Sedan, ou, pour certains, l’Hôpital de Rethel ou des cabinets en secteur libéral (liste consultable sur annuairesante.ameli.fr).

La coloscopie peut sembler impressionnante. Elle consiste à introduire un tube souple muni d’une caméra par le rectum, afin d’explorer tout le côlon. L’examen se fait généralement sous anesthésie légère ou profonde. La plupart des patients la vivent comme « désagréable mais indolore ».

  • La préparation : Elle consiste à suivre un régime sans résidus quelques jours avant l’examen, puis à prendre une solution purgative spécifique la veille pour nettoyer parfaitement le côlon.
  • Délais d’attente : Depuis l’instauration de la campagne nationale de dépistage, les délais pour une coloscopie suite à un test FIT positif sont priorisés : environ 1 à 3 semaines dans les Ardennes (source : retours des équipes hospitalières départementales mars-2024). Ce délai peut varier selon la période, le lieu, les disponibilités.
  • Hospitalisation : L’examen se déroule en ambulatoire, sur une demi-journée la plupart du temps.

Que se passe-t-il pendant l’examen ?

Le gastro-entérologue explore le côlon et repère d’éventuelles anomalies. Il peut retirer des polypes à visée préventive (90 % des cancers colorectaux proviennent de polypes). Chaque prélèvement ou polype enlevé part ensuite en analyse anatomopathologique pour vérification.

Selon les chiffres de l'Assurance Maladie, sur l’ensemble de la population française dépistée :

  • Seuls 4 à 8 % des tests positifs correspondent à un cancer.
  • Jusqu’à 30 à 40 % permettent d’identifier un ou plusieurs polypes susceptibles d’évoluer un jour en cancer, que l’on retire lors de la coloscopie, « avant qu’ils ne posent problème ».

En substance : dans la très grande majorité des cas, le diagnostic cancéreux n’est pas confirmé, mais la coloscopie permet soit de lever le doute, soit de retirer des lésions qui auraient pu, à terme, devenir sérieuses.

L’attente entre le test positif et la coloscopie peut générer stress et angoisse. Cela n’est pas un signe de faiblesse : l’incertitude est difficile à vivre. Voici quelques conseils validés par les équipes d’éducation thérapeutique dans les centres hospitaliers des Ardennes :

  • Se rappeler qu’un test positif n’est pas un diagnostic.
  • Parler de vos inquiétudes avec un professionnel : N’hésitez jamais à échanger avec votre médecin traitant, voire à demander un rendez-vous téléphonique auprès d’une infirmière coordinatrice en oncologie (certains hôpitaux le proposent, renseignez-vous au CHR de Charleville-Mézières ou au Centre Hospitalier de Sedan).
  • Continuer ses activités usuelles : Maintenir son agenda et ses activités, sans s’isoler : sport, marche, engagement associatif, sorties, tout ce qui « fait routine » aide à apaiser l’esprit en période d’attente.

Questions fréquentes des Ardennais :

  • Dois-je modifier mon alimentation ou mon mode de vie ? Aucune modification n’est recommandée spécifiquement dans ce laps de temps court, sauf consignes médicales précises par votre gastro-entérologue en vue de la préparation de la coloscopie.
  • Mieux vaut-il accélérer les démarches ? Il est normal de chercher à « aller vite ». Toutefois, les structures hospitalières priorisent déjà ces rendez-vous en cas de test positif. En cas de délai inhabituellement long (>3 semaines), contactez le secrétariat du service pour vérifier la possibilité d’un créneau plus rapide.

Le département propose plusieurs dispositifs et professionnels à disposition pour ne pas rester seul(e) :

  • Médecin traitant : Il suit tout le parcours, de l’étape du test jusqu’à l’après-coloscopie.
  • Gastro-entérologues en Ardennes : Consultables sur l’annuaire Ameli (exemple : annuairesante.ameli.fr). Les plus grands pôles sont à Charleville-Mézières, Sedan, Rethel, et Givet.
  • Structures ressources en oncologie : Les Espaces de Rencontre et d’Information (ERI) dédiés au sein des hôpitaux portent une mission d’écoute, d’information et d’orientation pour les usagers (liste disponible au CHR et sur le site de la Ligue contre le cancer 08).
  • Association locale : La Ligue contre le cancer - Comité Ardennes propose des ateliers d’écoute et de soutien, parfois à distance ou en groupe, pour échanger avec d’autres personnes ayant traversé un dépistage.

Le dépistage est un pilier de la lutte contre le cancer colorectal, de par sa simplicité et son efficacité. Dans les Ardennes, 36% des personnes concernées ont participé au dépistage organisé lors de la dernière campagne 2021-2022 (INCa), un chiffre en hausse mais encore en deçà des recommandations européennes. Plus la participation monte, plus les cancers sont découverts « tôt » (c’est-à-dire dans 85% des cas à un stade localisé lors d’un dépistage).

Les retours du terrain montrent qu’un dépistage positif, même anxiogène sur le coup, permet souvent :

  • Soit de rassurer (absence de pathologie identifiée).
  • Soit de prendre soin de soi en amont, avant tout symptôme visible.

Différents scénarios sont possibles après la coloscopie :

  • R.A.S. (Rien à signaler) : Ni polype, ni lésion ; vous reprendrez un rythme de surveillance classique (test FIT tous les 2 ans à partir de 50 ans, sauf consigne médicale différente).
  • Polypes retirés : Vérification de leur nature bénigne/maline en laboratoire. Suivi personnalisé selon le type, la taille, le nombre.
  • Lésion suspecte ou cancer avéré : Vous serez alors pris(e) en charge en Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) en cancerologie digestive, présente au CHR ou dans la clinique spécialisée la plus proche. Le plan de soin est alors discuté à plusieurs (oncologue, gastro-entérologue, chirurgien, etc.) pour proposer la meilleure solution thérapeutique.

A chaque étape, vous pouvez demander à être accompagné(e) par une infirmière coordinatrice, un psychologue ou un assistant social hospitalier.

Dans les réseaux de santé publique locaux, plusieurs personnes ayant eu un test positif témoignent de l’importance de « dérouler la suite sans attendre », surtout parce que « la plupart du temps, on est soulagé ». Les structures hospitalières ont multiplié les créneaux dédiés aux coloscopies post-dépistage. Les balades bleues, organisées chaque printemps par la Ligue 08 à Charleville et Sedan, servent aussi à fédérer et à libérer la parole sur le sujet.

Dans la majorité des cas, la démarche permet non seulement de protéger sa santé, mais aussi de faire évoluer les représentations sur le dépistage : il s’agit avant tout d’un acte de « prévention » et de « responsabilité collective » – une notion chère dans notre département.

Ressource Contact Mission
CHR Charleville-Mézières 03 24 59 60 60 Consultations de gastro-entérologie, coloscopie, service oncologie/ERI
Ligue contre le cancer - Comité Ardennes 03 24 33 50 44 Information, ateliers d’écoute, groupes de parole
Centre de coordination de dépistage des cancers Grand Est 09 72 11 03 15 Informations générales, renvoi vers structures locales
Annuaire Santé Ameli annuairesante.ameli.fr Trouver un gastro-entérologue proche de chez soi

Un résultat positif au dépistage colorectal bouleverse, mais il permet surtout de prendre une décision tôt, d’agir rapidement, et – dans près de 95 % des cas – d’écarter la présence d’un cancer, ou de prendre en charge à temps une anomalie qui aurait pu évoluer. Prendre soin de sa santé, c’est aussi s’autoriser à demander de l’aide, à se renseigner, à mobiliser son réseau médical et ses proches dans la traversée de ces moments pleins de questions. Les ressources des Ardennes existent, les équipes sont là pour accompagner chaque personne. Et partager ces informations autour de soi, c’est déjà oeuvrer pour une prévention qui appartient à tous.