Frottis ou test HPV : comprendre leurs rôles dans le dépistage du cancer du col de l’utérus dans les Ardennes

24 septembre 2025

Le cancer du col de l’utérus touche chaque année près de 3000 femmes en France, dont environ 1100 décèdent (Santé Publique France 2022). Il résulte quasi-exclusivement d’une infection persistante par certains papillomavirus humains (HPV). Pourtant, il pourrait être presque totalement évitable grâce au dépistage régulier et à la vaccination. Dans les Ardennes, le taux de couverture du dépistage est inférieur à la moyenne nationale, ce qui signifie que trop de femmes échappent encore à cette prévention indispensable.

Le frottis cervical, ou frottis cervico-utérin, est le test utilisé depuis plusieurs décennies pour dépister les lésions précancéreuses et cancéreuses du col de l’utérus. Concrètement, le professionnel de santé prélève des cellules au niveau du col pour les analyser au microscope.

  • But : repérer des anomalies cellulaires susceptibles d’évoluer en cancer.
  • Réalisation : rapide, au cabinet médical ou chez une sage-femme, sans anesthésie, la gêne est légère.
  • Délai de résultats : quelques jours à une semaine.

Avant 2019, l’ensemble des femmes entre 25 et 65 ans étaient invitées à faire un frottis tous les 3 ans, après deux premiers prélèvements normaux à un an d’intervalle. Un dispositif simple mais qui nécessitait une organisation régulière.

Ce test a permis de réduire de façon spectaculaire la mortalité liée à ce cancer : la France a vu le taux de mortalité chuter de 65% depuis les années 80 (Institut National du Cancer). Néanmoins, la technique a ses limites : il arrive que certaines lésions ou infections HPV passent inaperçues au microscope.

Le test HPV ne cherche plus les anomalies de cellules, mais détecte directement la présence de l’ADN du papillomavirus humain (HPV) à haut risque dans les cellules prélevées. C’est un test moléculaire, plus sensible que le frottis classique pour repérer les femmes les plus à risque de développer un cancer.

  • But : dépister une infection par HPV à haut risque susceptible de provoquer des lésions précancéreuses.
  • Réalisation : le prélèvement est identique à celui d’un frottis, mais l’analyse en laboratoire cible le virus, pas les cellules elles-mêmes.
  • Délai de résultats : similaire au frottis, parfois un peu plus long selon le laboratoire.

Ce test est recommandé depuis 2020 en première intention pour toutes les femmes de 30 à 65 ans en France, en remplacement du frottis. Il permet d’espacer les dépistages : si le test HPV est négatif, le prochain dépistage peut attendre 5 ans (contre 3 auparavant).

Âge Type de test Fréquence Explications
25-29 ans Frottis - Premier à 25 ans- Deuxième à 26 ans- Puis tous les 3 ans si normal Chez les plus jeunes, une infection HPV est très fréquente, bien souvent transitoire. On ne recherche donc que des anomalies cellulaires.
30-65 ans Test HPV Un test tous les 5 ans si négatif À partir de 30 ans, le risque que l’infection persiste augmente. Le test HPV devient plus pertinent.

À retenir : on ne choisit pas son test, c’est l’âge qui détermine la technique recommandée.

La majorité des laboratoires et cabinets médicaux des Ardennes ont adopté le test HPV chez les femmes de plus de 30 ans. Toutefois, il arrive qu’une Ardennaise encore suivie par un médecin plus âgé, peu habitué à la nouvelle méthode, se voie proposer un frottis classique. En cas de doute, il ne faut pas hésiter à poser la question.

  • Depuis 2020, la CPAM vous invite par courrier ou SMS lorsqu’il est temps de réaliser votre dépistage, quelle que soit votre commune.
  • Des campagnes de dépistage gratuit sont organisées chaque année, y compris dans les maisons de santé rurales ou à travers la CPAM et l’association ADECA (Association Ardennaise de dépistage des cancers).

Le test HPV est aussi désormais accessible pour l’auto-prélèvement vaginal en laboratoire, une alternative intéressante pour celles qui souhaitent un geste plus intime, ou en cas de gêne à l'examen gynécologique classique (source : HAS – Haute Autorité de Santé).

N’oublions pas : ni le frottis, ni le test HPV ne nécessitent d’ordonnance dans le cadre du programme national de dépistage. Si vous recevez une invitation et n’avez pas de médecin traitant, les sages-femmes et certains laboratoires peuvent vous accueillir directement.

  • Frottis :
    • Permet de détecter immédiatement d’éventuelles lésions précancéreuses et cancéreuses.
    • Moins “sensible” : il se peut que des anomalies passent inaperçues.
    • Besoin d’être répété plus souvent (tous les 3 ans).
    • N’indique pas la présence du virus HPV, donc ne permet pas de cerner un risque à long terme chez les femmes de 30 ans ou plus.
  • Test HPV :
    • Dépiste l’infection virale avant qu’elle ne cause des cellules anormales, donc détecte le risque plus précocement.
    • Très grande sensibilité : si ce test est négatif, le risque de développer un cancer du col d’ici quelques années est quasi-nul.
    • Espacement possible des contrôles : tous les 5 ans.
    • Le test peut être anxiogène si vous apprenez être porteuse du virus, alors que 80% des femmes seront en contact avec HPV dans leur vie (source : Institut National du Cancer).
    • Si le test est positif, il sera suivi d’un frottis pour savoir si des cellules sont anormales.

La couverture vaccinale anti-HPV dans les Ardennes reste perfectible : à peine 37% des adolescentes étaient complètement vaccinées en 2022 (source : Santé Publique France). Pourtant l’association du vaccin ET du dépistage est la seule méthode efficace pour vraiment faire reculer ce cancer évitable.

Quant au suivi gynécologique, près d’1 femme sur 3 n’a pas fait de dépistage dans les 3 dernières années (ADECA - Ardennes, chiffres 2023). Il subsiste encore des freins : isolement géographique, manque de professionnels, appréhensions, idées reçues (“je ne suis pas à risque past 30 ans”, “ce n’est pas utile après la ménopause”, etc.). Or, le dépistage s’adresse à toutes entre 25 et 65 ans, même sans symptômes, même en dehors de toute vie sexuelle.

  • “J’ai eu un test HPV positif, est-ce grave ?”
    • Non : c’est fréquent ! Cela ne veut pas dire que vous avez un cancer, ni que vous en aurez un. On surveille juste de plus près (avec un frottis à 1 an), car la majorité des infections se résorbent naturellement.
  • “J’ai eu mon dernier contrôle normal, puis-je attendre cinq ans ?”
    • Oui, si vous avez eu un test HPV négatif après 30 ans. Sinon, discutez avec votre praticien(ne) – chaque situation peut être adaptée au cas par cas.
  • “Dois-je continuer après la ménopause ?”
    • Oui, le dépistage reste recommandé jusqu’à l’âge de 65 ans inclus, même sans relations sexuelles récentes.
  • L’objectif unique des deux outils : vous protéger contre un cancer évitable.
  • Dans les Ardennes, quel que soit votre lieu de vie, des solutions existent pour faire son dépistage (médecin, sage-femme, laboratoire, auto-prélèvement, campagnes de dépistage).
  • Aucune démarche n’est trop tard : il n’y a jamais à culpabiliser d’avoir “raté” un rendez-vous.
  • Le dépistage est gratuit, pris en charge à 100% dans le cadre du programme national, sans avance de frais.
  • Informez autour de vous : le bouche-à-oreille local permet d’aider des femmes qui n’osent pas toujours franchir le pas seules.

Le frottis et le test HPV, bien que différents, sont complémentaires dans leur histoire et leur efficacité. Connaître la nuance, c’est se donner les moyens de choisir, de comprendre et d’agir. Chacun, à tout âge, peut être un maillon de la prévention dans la région, pour que le cancer du col de l’utérus continue de reculer dans les Ardennes.

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